Ces dernières semaines, Haïti fait face à une escalade de violence sans précédent. La capitale et les zones alentours sont particulièrement touchées. Deux prisons ont été attaquées en début de mois par des gangs armés, afin d’y libérer les prisonniers. Ils réclament la démission du premier ministre Ariel Henry, au Kenya au moment des faits. Ariel Henry avait été nommé premier ministre par le président Jovenel Moïse, quelques jours avant son assassinat en 2021.
Que se passe-t-il en Haïti ?
Suite au décès du président, les bandes armées ont commencé à étendre leur contrôle et particulièrement dans la capitale, où plus de 80% est aujourd’hui sous leur domination. La population haïtienne vit dans un quotidien de terreur, chaque déplacement exposant les Haïtiens a des violences inimaginables : meurtres, vols, viols, enlèvements… personne n’est épargné. En 2023, l’ONU a recensé plus de 4 789 assassinats, 2 490 enlèvements et un taux d’homicide de 40,9 pour 100 000 habitants, soit plus du double de 2022.
Ariel Henry se trouvait au Kenya pour signer un « accord de réciprocité » et finaliser le déploiement d’une mission militaire financée par 12 pays (dont les Etats-Unis, le Canada et la France). Cette mission, pilotée par le Kenya pour rétablir la paix sur le sol haïtien, était porteuse d’espoir pour la population haïtienne.
Mais pendant ce temps, à Port-au-Prince, les bandes armées se sont unies sous le nom de groupe « Vivre ensemble » et ont attaqué commissariats, hôpitaux, le port, ainsi que le pénitencier national et la prison de la Croix-des-Bouquets.
Au total, plus de 4 500 prisonniers ont été libérés par les bandes armées, incluant des membres affluents de ces gangs, ainsi que des hommes présumément liés à l’assassinat du président Jovenel Moïse.
L’hôpital Universitaire d’Haïti, le plus grand hôpital public de la capitale, a également été vandalisé et pillé par les bandes armées.
L’aéroport de Port-au-Prince, Toussaint Louverture, a été attaqué à plusieurs reprises, mais les policiers et militaires sur place ont réussi à le protéger.
Ils réclament la démission du premier ministre et s’opposent à l’arrivée de troupes kényanes en Haïti.
Suite à son retour du Kenya, l’avion transportant Ariel Henry a été dans l’incapacité d’atterrir à Port-au-Prince, à cause de la situation sur place. Après le refus de la République dominicaine de le recevoir, c’est finalement à San Juan, à Porto Rico, que le premier ministre haïtien a pu arriver.
Le gouvernement haïtien a déclaré l’état d’urgence et un couvre-feu jusqu’au 3 avril. Les pays des Caraïbes se sont réunis en urgence le 11 mars en Jamaïque, à l’initiative de la Caricom (Communauté des Caraïbes), avec des représentants de l’ONU et de plusieurs pays, dont la France et les Etats-Unis. Le premier ministre haïtien a annoncé sa démission au profit d’un conseil de transition composé de membres de la société civile et destiné à désigner son successeur.
L’instabilité politique et les violences récentes ont plongé le pays dans l’urgence, avec un couvre-feu en place. Plus de 360 000 personnes ont été déplacées. De plus, les troubles ont perturbé l’approvisionnement alimentaire, exacerbant la crise de la malnutrition déjà présente.
État d’urgence
Des milliers de personnes cherchent refuge dans des bâtiments publics comme les lycées et les hôpitaux. À Tabarre, dans nos locaux, des dizaines de personnes affluent, demandant désespérément de l’aide. Déplacées à plusieurs reprises en raison de l’expansion des territoires des gangs, la plupart ont tout perdu, leur maison étant réduite en cendres.
Nous avons accueilli près de 150 personnes venues demander de l’aide, principalement des femmes et des enfants. Ils sont démunis, épuisés, dormant à même le sol. Déplacés plusieurs fois en raison de l’expansion des territoires des gangs, la majorité a perdu sa maison dans les incendies. Leur seul souhait : quitter la capitale au plus vite pour retrouver la sécurité et leurs proches en province.
Quels sont les retours de nos équipes sur place ?
Nos équipes surveillent de près la situation et prennent toutes les précautions nécessaires pour assurer la sécurité de nos enfants, de nos bénéficiaires et de notre personnel, le tout dans un contexte de guerre civile.
- Sur notre site de Kenscoff, les enfants sont à l’abri et l’école communautaire fonctionne normalement pour le moment.
- A Tabarre, il y a des difficultés d’approvisionnement en gaz en raison des routes bloquées. Les activités scolaires sont suspendues. L’accès aux produits de première nécessité est limité car les magasins sont fermés et les routes bloquées.
- L’hôpital Saint-Damien reste opérationnel 24h/24 et 7j/7 pour fournir les services médicaux dont les plus vulnérables ont besoin. Les déplacements étant compliqués, les membres de notre personnel vivant dans des zones à risque restent à l’hôpital. Par ailleurs, nous recevons des patients dans des états de santé très graves.
Les groupes armés contrôlent l’entrée et la sortie du pays que ce soit par voie terrestre, maritime ou aérienne. De ce fait, l’approvisionnement en produits de première nécessité (nourriture, eau, médicaments, essence) pour la survie de la population est extrêmement difficile. Nous recevons de plus en plus de demandes d’aides financières et de nourriture. Tout le monde a d’énormes besoins et tout le monde connaît quelqu’un qui est cruellement dans le besoin.
Avec 550€
nous pouvons acheter 190 litres d’huile pour cuisiner.
Avec 1 800€
nous pouvons acheter 50 sacs de riz de 25 kg chacun.
Avec 2 600€
nous pouvons acheter 70 sacs de sucre de 25 kg chacun.
Avec 5 000€
nous pouvons acheter 135 sacs de haricots de 25 kg chacun.
Notre organisation défend et garantit les droits des enfants en Amérique latine et dans les Caraïbes. Plus que jamais, nous voulons continuer à sauver des vies en Haïti.
Plus que jamais nous voulons que notre hôpital Saint-Damien puisse ouvrir ses portes tous les jours. Plus que jamais nous souhaitons garantir la sécurité alimentaire et les soins de santé aux plus vulnérables. Merci de nous aider dans notre mission.