Ces dernières années, la situation en Haïti s’est détériorée, rendant la vie sur place très difficile. Dans ce contexte, l’hôpital Saint-Damien poursuit son combat.
Depuis son boom touristique des années 1980, il semblerait qu’Haïti soit en chute libre. La stabilité politique n’est plus, c’était déjà le cas avant le terrible tremblement de terre de 2010. Ces dernières années, le pays s’est davantage fragilisé avec une augmentation de la délinquance, de la violence des gangs, de l’insécurité et le manque de justice sociale et de transparence. Le gouvernement est confronté à des protestations fréquentes, parfois violentes, de l’opposition, qui se traduisent souvent par des rues barricadées entraînant un manque de mobilité.
Le peuple haïtien vit dans la peur. Les enlèvements sont de plus en plus fréquents et sont devenus une industrie florissante, qui a enrichi les réseaux mafieux du pays. La liste des personnes retenues en otage, certaines violées, torturées, humiliées ou exécutées même après paiement de la rançon, ne cesse de s’allonger. Les rues de Port-au-Prince, capitale de plus de 2,5 millions d’habitants, se vident.
Certaines familles de victimes sont endettées de façon permanente, dans un pays déjà rongé par la pauvreté. De nombreux Haïtiens quittent le pays à la recherche d’un avenir meilleur. Les manifestations anti-gouvernementales et les grèves sont les armes que les Haïtiens utilisent pour demander justice, mais à qui ? Le gouvernement semble rester sourd à leurs demandes.
Les impacts sur notre hôpital
En période de troubles, l’hôpital est confronté à de réels problèmes qui nécessitent des réponses immédiates. Alors qu’Haïti connaît de plus en plus de crises impromptues, personne ne peut prédire quand la prochaine urgence surviendra.
Actuellement, le personnel médical de Saint-Damien doit travailler 24 heures sur 24. Cela signifie que l’hôpital doit les loger car ils ne peuvent pas rentrer chez eux en raison de l’insécurité. Cela fait peser un lourd fardeau sur les ressources déjà limitées de l’hôpital. De plus, l’hôpital doit fournir un transport sûr à ses employés. Les ambulances sont utilisées à cette fin, augmentant les coûts de consommation de carburant et d’usure des véhicules.
L’hôpital est confronté à d’autres défis : il est difficile d’obtenir des médicaments et autres équipements et matériels pourtant indispensables, souvent vitaux. Le stress global impacte la performance du personnel surmené. Moins de patients se rendent dans les cliniques externes, ce qui signifie que de nombreuses personnes ne reçoivent pas les soins médicaux nécessaires. En conséquence, les cas d’urgence se multiplient.
Une infirmière décrit à quel point elle a peur lorsqu’elle est dans la rue : « Cela me stresse beaucoup, d’autant plus que j’ai déjà été agressée. Si je suis dans la rue en retard et à pied, je regarde constamment par-dessus mon épaule. En voiture, je dois rouler très vite car cela me met à l’abri d’un kidnappeur potentiel. Le plus dur, c’est de se sentir impuissant. »
À l’heure actuelle, les besoins de l’hôpital sont nombreux. Il y a un grand besoin d’équipements de protection individuelle mais il y a aussi d’autres besoins urgents, comme l’achat d’un nouveau groupe électrogène pour faire face aux pannes, la construction d’une morgue, la mise à jour du système informatique, l’achat d’un purificateur d’air…
L’hôpital doit également renforcer son infrastructure de sécurité en raison de l’instabilité croissante qui l’expose à divers risques. Les améliorations nécessaires incluent l’augmentation du nombre de caméras, l’ajout d’éclairage et la construction de clôtures renforcées.
L’hôpital Saint-Damien est actuellement le seul hôpital pédiatrique en Haïti. Il reçoit des patients de toutes les régions du pays, est ouvert 24 heures sur 24 et tous les jours de la semaine, toujours prêt à offrir des soins de qualité à celles et ceux qui en ont besoin.
Nos équipes et médecins, véritables héros du quotidien, œuvrent sans relâche pour sauver la vie de milliers d’enfants haïtiens, dans un contexte difficilement imaginable.