Dans un contexte d’intensification des manifestations et de la pauvreté, NPFS Haïti fait tout son possible pour soutenir les personnes les plus vulnérables du pays.
L’un de nos collègues sur place partage sa vision de la vie en Haïti aujourd’hui.
Tout d’abord, une brève leçon d’histoire.
Haïti est situé dans les Grandes Antilles et occupe un tiers de la partie occidentale de l’île d’Hispaniola, partagée avec la République dominicaine. Port-au-Prince est sa capitale et le Massif de La Selle est sa plus haute montagne, à environ 2 680 mètres d’altitude.
La République d’Haïti est née après la défaite de l’armée de Napoléon Bonaparte lors de la bataille de Vertières, en 1803. C’est la première république noire au monde et le seul pays francophone indépendant du territoire des Caraïbes.
Connue autrefois sous le nom de « Perle des Antilles », Haïti a connu une période de stabilité, avec une économie productive (leader dans la production mondiale d’huile de vétiver – une huile essentielle utilisée dans les parfums haut de gamme, exportations de bananes, cacao et de mangues), tirée par sa diversité culturelle et sa beauté naturelle.
Après l’époque de la dictature des Duvalier (François Duvalier, dit « Papa Doc » et son fils Jean-Claude Duvalier, dit « Baby Doc »), les politiques ont fait très peu pour améliorer la vie du peuple haïtien.
Aujourd’hui, la grande majorité de la population vit dans une pauvreté extrême et la classe moyenne est de moins en moins nombreuse.
Les manifestants d’aujourd’hui sont des jeunes âgés de 10, 18, 20 ou 30 ans, dont la majorité devraient être à l’école pour préparer son avenir. Aujourd’hui, ce sont eux qui ont soif de changement, qui veulent de meilleures conditions de vie.
Ces personnes et d’autres sont contraintes par un accès limité à une éducation de qualité, à l’eau potable, à l’électricité et à d’autres produits de première nécessité. Il y a aussi en Haïti une menace persistante de catastrophe naturelle. Le terrible tremblement de terre de 2010 reste dans tous les esprits.
Depuis début février, le pays a vu une foule de manifestants grossir de jour en jour. Les barrages routiers sont fréquents et imprévisibles. Les magasins sont fermés. Les écoles sont fermées et les hôpitaux font de leur mieux pour gérer le personnel et économiser un maximum de fournitures et consommables médicaux.
Les gens restent cachés chez eux. La faim et la misère qui n’épargnent personne ne font que croître face aux turbulences constantes dans les rues. La pénurie d’essence a paralysé de nombreuses activités pendant des semaines dans tout le pays.
NPFS n’est pas exclue des effets de la crise actuelle. Nos actions nous placent souvent en première ligne, au service des populations les plus pauvres et les plus vulnérables du pays. En dépit de ces difficultés, nous continuons à servir au mieux les personnes dans le besoin.
Les manifestants exigent que le président Jovenel Moïse quitte ses fonctions.
La mort de plus de 20 personnes a été attribuée aux violences récentes, mais il y a d’autres victimes. Les personnes qui ne peuvent pas se déplacer en raison des routes bloquées par des pneus brûlés et des manifestants menaçants, ne bénéficient pas des soins médicaux nécessaires – femmes enceintes et prêtes à donner naissance, patients atteints de maladies cardiaques, patients en thérapie pour besoins spéciaux…
Pour l’hôpital pédiatrique Saint-Damien, nos médecins, nos infirmières et d’autres membres indispensables du personnel ont du mal à se rendre au travail chaque jour. Les employés qui font le voyage risquent leur vie pour aider à sauver celle des autres. L’escalade de la violence a des répercussions sur la capacité de NPFS Haïti à accéder aux biens de première nécessité. Aucun citoyen d’Haïti n’est épargné. Nous souffrons tous individuellement et en tant que nation.
Chaque vendredi, des artistes haïtiens descendent dans la rue pour réclamer des changements, car ce que nous vivons maintenant devient de plus en plus difficile à supporter.
Les jeunes générations d’aujourd’hui se sentent bloquées par ceux qui sont au pouvoir. Ma nation aspire à goûter à la paix et à la joie dans les rues mais nous n’avons plus beaucoup d’espoir. Je prie pour que le changement arrive bientôt en Haïti suivi de la paix.
Par avance, merci de nous soutenir en ces temps où nous en avons le plus besoin.